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Emile Jaques-Dalcroze

(Vienne 6 juillet 1865 - Genève 1er juillet 1950)

Né en Autriche dans une famille originaire de Sainte-Croix, le jeune Emile Jaques nourrit dès son jeune âge une passion pour le théâtre. Il s'initie également à la musique, notamment celle de Johann Strauss. La famille Jaques quitte Vienne pour Genève en 1875. Emile étudie au Collège, au Conservatoire de musiquepuis à l'Université. Il se rend ensuite à Paris, en 1884, dans le but de travailler sa diction. Il étudie non seulement l'art dramatique, mais aussi la musique. Il compose à Paris Riquet à la houppe, opéra comique qui ne sera jamais représenté.

En 1886 à Genève, un compositeur du nom d'Alder, originaire de la Suisse orientale, lui propose alors un poste de second chef d'orchestre au sein du théâtre des Nouveautés qu'il dirige à Alger. Il accepte, puis compose L'Ecolier François Villon en 1887 qui ne sera jamais joué. A Alger, il se familiarise avec les rythmes de la musique arabe. Le théâtre fait toutefois faillite et Jaques part alors sur les routes pour une série de concerts avec la troupe. On lui offre ensuite le poste de directeur du Conservatoire d'Alger qu'il refuse. C'est à cette époque qu'Emile Jaques prend le patronyme d'Emile Jaques-Dalcroze, en accord avec son ami de Genève, Raymond Valcroze, et dans le but d'éviter toute confusion avec le compositeur français Jaques.

Premières recherches sur la rythmique

En 1887, Jaques-Dalcroze accompagne son père à Vienne où il est admis au Conservatoire de musique. Il suit des cours d'orgue et de composition ainsi que de piano. En 1889, il se rend à nouveau à Paris où Mathis Lussy, éminent théoricien suisse du rythme musical, le met sur la voie des recherches et publications sur la rythmique.

De retour à Genève, il est nommé professeur de solfège et d'harmonie au Conservatoire. Le 25 janvier 1893, une suite lyrique de Jaques-Dalcroze, La Veillée, est donnée par la Société de chant du Conservatoire. Il débute aussi la série de ses Chansons romandes. Afin d'aider financièrement son père en difficulté, Jaques-Dalcroze décide d'exploiter le succès de ces chansons et part en tournée chaque fin de semaine. La première audition de ses chansons a lieu à la salle de l'Athénée à Genève.
En 1896, Genève accueille l'Exposition nationale où Jaques-Dalcroze produit ses Chansons romandes. Il compose également la musique pour un festival dont le poème victorieux est le Poème alpestre de Daniel Baud-Bovy. Emile Jaques-Dalcroze compose ensuite la musique pour la Revue dont le but est une récolte de fonds pour la restauration du clocher de la cathédrale Saint-Pierre. Il enchaîne en 1899 avec l'opéra Sancho Pança qui fut monté à Strasbourg. En 1899, Emile Jaques-Dalcroze épouse Nina Faliero, une cantatrice italienne. 1900 est l'année de la composition du célèbre Jeu du Feuillu.

En 1903, Jaques-Dalcroze est désigné pour composer la musique d'une pièce lors de la commémoration du centenaire de l'entrée du canton de Vaud dans la Confédération. Son métier de professeur au Conservatoire l'amène à constater que tous les enfants ne réagissent pas de la même manière face à la musique. Certains enfants ont des difficultés à coordonner leurs mouvements. Il en conclut que la musicalité n'est pas uniquement auditive mais dépend également d'un sens tactile ou moteur. Il faut donc trouver un équilibre entre l'harmonie des sons, l'art musical et la danse. Jaques-Dalcroze entame alors des recherches plus approfondies. Il met sur pied des exercices corporels pour combattre l'arythmie musicale qui n'est, selon lui, qu'une arythmie générale.

La rythmique connaît bientôt un succès grandissant. Les Conservatoires de Bâle et Zurich l'adoptent bientôt. Entre 1903 et 1910, Emile Jaques-Dalcroze donne des démonstration de sa Méthode de Gymnastique rythmique dans de très nombreuses villes européennes.

En 1909, naît son fils Gabriel.

Les productions artistiques de Jaques-Dalcroze se poursuivent: en 1906 le Bonhomme Jadis, opéra en un acte, donné à l'Opéra de Paris; (i)les Jumeaux de Bergame, (/i)opéra en deux actes, est lui monté à Bruxelles.

L'Institut d'Hellerau

Le 3 octobre 1910 Jaques-Dalcroze quitte Genève pour l'Allemagne. On lui propose de construire à Hellerau (Dresde) une école où enseigner sa méthode d'éducation musicale. La renommée de l'établissement devient rapidement internationale.

En 1912, l'Institut Dalcroze de Hellerau met sur pied des fêtes scolaires. Cinq-cents journalistes du monde entier et plusieurs milliers de spectateurs assisteront au spectacle qui se compose de plusieurs pièces et connaîtra un large succès. En 1912, s'ouvre à Saint-Pétersbourg un Institut Jaques-Dalcroze.
En 1914, Genève sollicite Emile Jaques-Dalcroze pour les Fêtes de Juin, célébration du centenaire de la libération genevoise par les troupes confédérées. Le succès est une nouvelle fois au rendez-vous.

L'Institut de la rue de la Terrassière

La Première Guerre mondiale éclate le 2 août 1914 et Jaques-Dalcroze signe la protestation d'artistes suisses contre la destruction de la cathédrale de Reims et de la bibliothèque de Louvain. Jaques-Dalcroze est dès lors interdit d'entrée en Allemagne et son Institut de Hellerau ferme ses portes. L'Institut Jaques-Dalcroze est alors fondé à Genève au 44 rue de la Terrassière, son emplacement actuel. Il ouvre ses portes en octobre 1915.

Un premier spectacle est monté en 1918: Les premiers souvenirs, selon un texte de Jacques Chenevière et une musique d'Emile Jaques-Dalcroze. En 1923, la Fête de la Jeunesse et de la Joie est écrite et constitue une œuvre majeure du compositeur.

Il gagne ensuite Paris pour enseigner à l'Institut qui porte son nom à la rue Vaugirard. Sa présence à Paris contribue à propager ses idées. La Rythmique est désormais perçue, non seulement comme une plastique, mais comme une pédagogie. Des personnalités non musiciennes sont nombreuses à s'y intéresser. Les démonstrations contribuent également à faire connaître la méthode Jaques-Dalcroze.

En 1925, Genève octroie la bourgeoisie d'honneur à Emile Jaques-Dalcroze, ce qui le comble de joie et de fierté. Après deux années passées à Paris, Jaques-Dalcroze est de retour à Genève. En 1926 a lieu à l'Institut de Genève le premier Congrès du Rythme où s'expriment trente conférenciers.

En 1927, Jaques-Dalcroze retourne en Allemagne lors du Congrès pédagogique musical de l'Exposition internationale de Francfort.

En 1935, les 70 ans d'Emile Jaques-Dalcroze sont célébrés d'une manière peu ordinaire. Un Livre d'Or, rempli de 10 500 signatures d'élèves du monde entier, est remis au compositeur genevois. En 1946, Jaques-Dalcroze a le malheur de perdre sa femme Nina.

Jusqu'en 1948, Emile Jaques-Dalcroze se rend quotidiennement à l'Institut, bien que fortement diminué par des rhumatismes aux jambes. Lorsqu'il ne lui sera plus possible de se déplacer, il reçoit à son domicile la visite de ses élèves et professeurs. Sa vie de recherche et de labeur s'achève le 1er juillet.